NATIFA & DAVID

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— C’était déjà difficile de trouver un garçon qui me corresponde, si en plus j’avais dû me mettre une limite au niveau de la race !

— Je suis Antillais, Guadeloupéen, Martiniquais, un peu coolie avec des origines de Pondichéry.

— Je suis Kabyle d’origine Algérienne.

— Sur le coup, je n’ai pas trouvé Natifa charmante…

— Sur le coup,  j’ai trouvé David trop sérieux.

 Alors je l’ai mis dans la case « ami ».

— Elle m’a pris la main le 14 juillet pendant le feu d’artifice.

— Pour se diriger c’était plus pratique !

— Un soir, Natifa m’a offert la clef de sa boîte aux lettres.

— C’était une étape, ça voulait dire qu’il n’était plus en transit.

— On fêtait Noël avec ma sœur, à minuit on a déballé les cadeaux, j’ai sorti un paquet, elle a ouvert la boîte.

— J’ai vu l’alliance… 

— J’ai mis un genou à terre et j’ai fait ma demande.

— Je sentais son cœur qui battait la chamade. Moi, je me suis aperçue que j’avais oublié de lui répondre.

— Soudain elle a crié : « Oui ! Oui ! Oui ! »

— Je suis musulmane, il est catholique pratiquant… Je ne mange pas de porc, je bois de l’alcool, je suis croyante mais je ne pratique pas. Il n’y a pas eu de mariage religieux musulman. On s’est mariés à l’église. J’ai accepté sa religion pour qu’il reste l’homme qu’il est.

— La mixité, c’est un mot qu’on n’emploie jamais. La différence entre les Algériens et les Antillais, c’est que les Antillais peuvent danser sur toutes les musiques. Les Algériens ont plus de mal.

— Après le mariage, nous sommes partis pour une lune de miel de trois semaines.

— Puis on s’est dit : bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— Il faudrait se donner un nouveau but…

— Et si on se remariait dans six mois ?

© Gérard Uféras