MARION & LAURENT

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— Nous étions déjà « en main » tous les deux.

— On s’est rencontrés au cours d’un déjeuner arrangé pour nous. Il parlait sans arrêt de lui.

— J’avais beaucoup de choses à dire, elle avait envie d’écouter.

— Il était tout mon contraire.

— Ce qui la fascine chez moi, c’est que je suis encore un enfant. J’ai une espèce de conscience de maturité naissante de moi-même, du triomphe du sérieux sur ma propre innocence intérieure…

— Quelques jours après le déjeuner, on s’est revus.

— Au Harry’s Bar. Vin rouge, vodka, champagne… Je suis rentré chez moi en voiture, c’était dangereux pour les gens autour mais pas pour moi !

— Il m’a déposée en bas de chez moi… et j’ai eu un joli SMS.

— La semaine suivante on devait aller monter à cheval, on s’est fait arrêter par un CRS. 

— Il n’avait pas les papiers de la moto. Le programme était grillé. On est allés déjeuner chez « PAUL », notre restaurant fétiche place Dauphine.

— Le soir on a dîné chez « VINCENT ». C’est là que nous nous sommes embrassés pour la première fois. Je l’ai demandée en mariage quelques mois plus tard. 

— Je ne m’y attendais pas du tout.

— J’avais réservé dans un restaurant. On est allés vers l’île Saint-Louis. J’étais ému.

— J’avais froid sur la moto. On s’est arrêtés près d’un petit banc. Il m’a dit qu’il avait un truc à me montrer. Il sort une bouteille de champagne de son sac, deux verres, et il fait sa demande. Un truc très maladroit… très timide. J’ai pas dit « Oui » tout de suite.

— C’est vrai, elle a attendu deux secondes.

On s’est serrés dans les bras et on est allé boire… 

— Le lendemain il m‘a fait porter 99 roses rouges à mon bureau. Une vraie brassée.

— J’ai acheté des gants beurre frais et j’ai fait la demande à son père. On s’est mariés à Saint-Germain-l’Auxerrois. La veille, je me suis pris une petite suite dans un palace parisien, j’ai fait un gros dodo, et je suis arrivé comme une fleur à mon mariage. Depuis qu’on est mariés, je suis en action de grâce en permanence. Je vis tous les jours un moment exceptionnel. On est jeunes, on vit dans un pays libre, on s’aime, on a un métier et les moyens économiques de réaliser nos ambitions et nos rêves - si t’as pas l’essence pour mettre dans le moteur, il tourne moins bien - on est en bonne santé, on vit à 4 mètres sous plafond à 50 mètres de l’Elysée, je crois qu’on est privilégiés. 

© Gérard Uféras