DELPHINE & JEROME

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— Je suis arrivé du Maroc à l’âge de 18 ans pour faire mes études supérieures. C’était l’hiver. J’avais un studio dans le seizième arrondissement, une voiture… mais c’était galère ! Quelques mois plus tard, nous nous sommes rencontrés. Ça a été un coup de foudre en plein été ! 

— On s’est vu tous les jours pendant un mois. Jérôme était un amour de vacances. Puis on s’est perdus de vue pendant cinq ans.

— On s’est revus, et on s’est remis ensemble. On s’est redécouverts. On a monté une sandwicherie.

— Nous avons travaillé tous les deux pendant six ans au restaurant. On s’est accrochés, on n’a rien lâché… On a appris à se connaître.

— Mon père me disait un proverbe qui lui venait de sa grand-mère : « Dans la vie, essaie d’épouser une fille de ton pays, de ta ville, de ton quartier, et si tu peux, de ta rue… » Moi je ne fréquentais pas trop les juives Marocaines. Puis Delphine est arrivée dans ma vie. Je n’avais pas une assez belle image de moi-même pour me marier tout de suite, on a attendu, je travaillais tout le temps, je faisais la cuisine au sous-sol du restaurant, elle servait les clients en haut. C’était comme si je m’étais enterré. Je faisais la cuisine comme ma mère la faisait. Puis on a vendu le restaurant. Un 31 décembre.

— Et on est partis au Brésil en vacances.

— Puis on s’est mariés.

— La femme c’est le pilier du foyer juif. Alors on m’a préparée…

— Et très bien ! Très, très bien ! 

© Gérard Uféras